La Haut-Savoyarde, 27 ans, a ouvert son compteur en Coupe du monde en Suisse ce samedi. Elle est la première Française à s’imposer dans une épreuve de vitesse depuis plus de 17 ans…
Il y a comme ça des jours parfaits. Ivre de joie sur le podium, Romane Miradoli a signé à 27 ans la première victoire de sa carrière en Coupe du monde dans le super-G de Lenzerheide (Suisse) samedi matin. Que de stars autour de la Haut-Savoyarde de Flaine ! Mikaela Shiffrin, 2e à 38 centièmes, à sa droite, la championne olympique Lara Gut-Behrami, 3e à 88e à sa gauche… Et puis la légende du tennis Roger Federer devant elle, venu en voisin pour un bain de soleil et une longue séance de selfies avec des skieuses aux anges.
« Il m’a félicitée personnellement, s’exclame Miradoli. C’a été très court parce qu’il a été très sollicité. Mais il a été très simple, très accessible et très gentil. On a fait une photo ensemble. Je suis une grande fan… »
Mais l’étoile du jour, c’est bien Romane Miradoli. Alors qu’elle n’avait jamais fait mieux que 5e sur le circuit mondial, elle a mis fin à l’interminable série noire tricolore : aucune Bleue ne s’était imposée en Coupe du monde sur une épreuve de vitesse depuis plus de 17 ans et le succès d’Ingrid Jacquemod sur la descente de Santa Caterina (Italie) en janvier 2005. Quant à la dernière victoire en super-G, c’était l’œuvre de Carole Montillet à Haus im Ennstal (Autriche) en février 2004.
« C’est avant tout une victoire personnelle, confie Miradoli. Mes cinq dernières années ont été plutôt compliquées. C’est une très belle récompense du travail accompli pour arriver au meilleur niveau. Réaliser ça l’année olympique, après ma blessure, c’est un très beau cadeau, pour moi comme pour l’équipe de France. Ça fait tant d’années qu’il n’y a pas eu de podium en vitesse. Et puis, partager le podium avec deux grandes championnes, ça n’est quand même pas rien. »
Mirandoli est récompensée de sa ténacité après avoir su se relever de plusieurs épreuves : un drame personnel en 2016 avec le décès de son compagnon dans un accident de wingsuit, puis en décembre 2020 la rupture d’un ligament croisé du genou gauche à Courchevel. Elle n’est revenue à la compétition qu’un an plus tard, il y a seulement trois mois.
« Tout cela m’a permis de me construire »
« C’est la plus belle des récompenses, après tout le travail accompli, après mes problèmes personnels, ma blessure aussi fin 2020, tout cela m’a permis de me reconstruire, ajoute cette adepte des sports d’adrénaline - parapente, surf, moto, ski nautique… -, multiple médaillée mondiale chez les juniors entre 2013 et 2015, qui a su cultiver sa polyvalence entre la descente, super-G, géant, combiné. Physiquement je suis plus forte, mentalement aussi. »
Philosophe, la championne, qui n’avait jamais fait mieux que 5e en Coupe du monde, se satisfait pleinement de son succès du jour, sans remâcher sur ses JO de Pékin ratés du mois dernier (13e de la descente, 11e du super-G).
« J’essaie de vivre l’instant présent, dit-elle. Mais à vivre de telles émotions, je me dis que d’avoir une médaille autour du cou doit les décupler. Mais voilà… Certains ont la chance d’avoir une médaille, d’autres n’ont jamais de victoire. J’aurais préféré ramener une médaille. J’essaie juste de savourer ce moment et de ne pas me poser trop de questions. Si ça arrive maintenant, c’est que ça devait arriver maintenant… »
À bien entendre Romane, Lenzerheide n’est pas un coup isolé mais marque le début de quelque chose. « Je suis repartie après ma blessure pour retrouver de la régularité dans mon ski, ce que je suis parvenue à faire si je fais le bilan de ma saison, même si les résultats n’ont pas été incroyables. J’ai envie de construire une carrière qui ne soit pas basée sur des coups d’éclats. Si c’est la seule victoire, tant mieux. Et si d’autres viennent, tant mieux aussi. Je vais continuer en essayant de rester le plus simple possible. J’espère que ça ouvre la porte à plein d’autres belles émotions comme celles d’aujourd’hui. »
